Les établissements
Après plus de 42 années d’engagement, de collaboration dans notre institution, Nathalie Rel part vers de nouveaux horizons. Une évolution au sein de l’ESAT Saint-Jean au service des personnes en situation de handicap dans la reconnaissance par le travail. À l’occasion de son départ à la retraite, nous avons rencontré Nathalie R., figure incontournable du site de Saint-Brice. Elle revient sur un parcours marqué par la passion, l’engagement et de belles rencontres.
Nathalie, pouvez-vous nous présenter votre parcours au service des autres ?
J’ai toujours voulu travailler auprès des enfants. J’ai débuté ma carrière en 1982, dans un CASE (Centre d’accueil spécialisé pour enfants) à Blanquefort. Souhaitant vivre en milieu rural, je me suis installée dans le Sud-Gironde.
Et comment avez-vous découvert le site de Saint-Brice ?
Des amis m’ont parlé d’un lieu où l’on accompagnait des personnes en situation de handicap. J’ai pris ma Renault 4L et je suis allée frapper à la porte. J’ai été reçue par Monsieur Cassen, alors directeur depuis seulement un mois. Il m’a dit : “J’ai une personne en arrêt, vous allez la remplacer.
Pendant trois ans, j’ai alterné entre des petits boulots saisonniers et des remplacements au site de Saint-Brice : au CAT (l’actuel ESAT), à la maison de retraite où logeaient au 2ᵉ étage des personnes en situation de handicap, mais aussi lors de séjours sur le bassin d’Arcachon. Et là, le virus était en moi…
Toujours en contrats précaires à ce moment-là ?
Oui, toujours. Mais je gardais en tête mon objectif : reprendre mes études pour obtenir le diplôme de monitrice-éducatrice. En 1986, j’ai demandé un entretien à Monsieur Cassen pour lui annoncer que j’arrêtais les remplacements afin d’entrer à l’IRTS.
Vous avez donc quitté Saint-Brice à ce moment-là ?
Pas du tout ! Monsieur Cassen ne l’a pas accepté : il m’a proposé un CDI en s’engageant à financer ma formation en parallèle. Deux ans plus tard, j’étais diplômée.
Une belle rencontre, presque votre bonne étoile…
Exactement. Je suis très reconnaissante envers Monsieur Cassen. Il m’a toujours fait confiance, toujours soutenue, même dans mes périodes de doute.
En CDI au CAT, quelles étaient vos missions ?
J’étais monitrice d’atelier. Je m’occupais des activités de sous-traitance, de la vigne, des prestations de service en entreprise… chaque jour, avec une équipe de travailleurs que j’accompagnais.
Vous avez ensuite pris davantage de responsabilités ?
Pas immédiatement, car en 1990 j’ai accueilli ma première fille. J’ai demandé un mi-temps. Avec la naissance de ma deuxième fille, j’ai repris un temps plein en 1996. Peu après, le directeur m’a confié le poste de monitrice principale pour l’aider à suivre les activités de production. En 2007, il m’a proposé le poste de cheffe de service. J’ai accepté, à condition de repartir en formation à Paris.
Retour sur les bancs de l’école donc…
Oui, non sans difficulté : une famille, une activité professionnelle… et parfois un manque de confiance en moi. Mais j’ai toujours eu le soutien de Monsieur Cassen.
On peut dire que c’est votre mentor.
C’est exactement ça. Il a été présent à chaque étape. En 2013, il m’a même encouragée à suivre la formation CAFERUIS. Je l’ai écouté.
Cette formation vous a-t-elle aidée ?
Oui, énormément. Je l’ai suivie de 2013 à 2015, en alternance, tout en continuant à accompagner à l’ESAT (le CAT était devenu ESAT en 2005). Le directeur actuel, Monsieur Lussin, m’a proposé d’élargir mes missions d’adjointe de direction, cette formation a pris tout son sens. Là encore, j’ai eu la chance d’avoir un responsable qui m’a fait confiance. Bien sûr, cela n’a pas toujours été simple : les missions confiées ont bousculé le quotidien, les méthodes de travail, et fixé de nouveaux objectifs à l’ESAT.
Vous avez traversé des moments difficiles ?
Oui, j’ai souvent douté, perdu des repères… Mes valeurs semblaient bousculées. Mais grâce à un dialogue ouvert avec ma direction, à des échanges de fond, j’ai pu dépasser ces moments. Et la reconnaissance de mes pairs a été un moteur essentiel.
Si vous deviez résumer votre carrière en quelques mots ?
J’ai toujours suivi mon envie, depuis le premier jour, jusqu’à aujourd’hui. Quand la porte était fermée, je passais par la fenêtre ! J’ai eu la chance de travailler avec des personnes qui m’ont fait confiance et m’ont donné une vraie autonomie. Pour moi, les clés ont été la liberté et la confiance. Je pars à la retraite heureuse, et je retiens qu’on va plus vite seul, mais plus loin ensemble. Et c’est en équipe que j’ai pu aller si loin.
Vous partez donc sereine ?
Tout à fait. Mes prochaines semaines et mois sont déjà programmés, entre temps pour moi et temps pour les autres. Quant au passage de relais, je pars confiante : Sabine Morel prend la suite de mes fonctions.
Merci Nathalie, et bonne route !